De oude krantenlezer
De oude Krantenlezer
LE SQUELETTE LABOUREUR
Dans les planches d'anatomie
Qui traînent sur ces quais poudreux
Où maint livre cadavéreux
Dort comme une antique momie,

Dessins auxquels Ia gravité
Et le savoir d'un vieil artiste,
Bien que le sujet en soit triste,
Ont communiqué Ia Beauté,

On voit, ce qui rend plus complètes
Ces mystérieuses horreurs,
Bêchant comme des laboureurs,
Des Ecorchés et des Squelettes.

De ce terrain que vous fouillez,
Manants résignés et funèbres,
De tout I'effort de vos vertèbres,
Ou de vos muscles dépouillés,

Dites, quelle moisson étrange,
Forçats arrachés au charnier,
Tirez-vous, et de quel fermier
Avez-vous à remplir Ia grange?

Voulez-vous (d'un destin trop dur
Epouvantable et clair emblème!)
Montrer que dans Ia fosse même
Le sommeil promis n'est pas sûr;

Qu'envers nous Ie Néant est traître;
Que tout, même Ia Mort, nous ment,
Et que sempiternellement,
Hélas! il nous faudra peut-être

Dans quelque pays inconnu
Ecorcher Ia terre revêche
Et pousser une lourde bêche
Sous notre pied sanglant et nu?





 
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